Paul Cahen, Hong Kong song, 1989
Hors les murs

Ersilia : un corps des villes carrefours

Videotape / The Full Gallery - L'Agence en résidence
22.04–07.07.2022
robert cahen, annabelle amoros, céline trouillet.

Une exposition proposée par la commissaire Angel Leung avec les œuvres de la collection du FRAC Alsace :
* Du 22 avril au 29 mai 2022 pour l’espace Videotape, Unit 13, Cattle Depot Artist Village,63 Ma Tau Kok Road, To Kwa Wan,Kowloon
* Du 3 juin au 7 juillet à The Full Gallery, L’Agence en Résidence, 15 Place Du Palais, 33 000 Bordeaux

Avec les œuvres de Annabelle Amoros, Robert Cahen, Chilard Howard, Ellen Pau, Samson Young, Céline Trouillet, Yan Wai Yin.

Présentation

Dans les Villes invisibles d’Italo Calvino, le romancier décrit Ersilia, une belle ville fictive entouréede liens qui suivent la vie quotidienne de ses habitants. Le labyrinthe de fils matérialise l’essencede la ville et reste présent même lorsque les habitants et l’architecture ont disparu depuislongtemps.
Hong Kong et l’Alsace partagent certaines similitudes malgré leur distance de près de 10 000 kilomètres. En effet, les deux régions sont des carrefours d’échanges culturels, avec des voyageurs qui viennent, partent et restent. La diversité de la population a donné naissance à deslangues, des personnes, des pensées et des histoires uniques et riches.
L’Alsace est à l’origine un mélange de cultures. Son nom vient de l’Allemand alémanique « paysétranger ». Elle a une longue histoire en tant que « Pays du Milieu », tel que décrit par le poète Jean-Paul de Dadelsen dans son célèbre texte Goethe en Alsace (Dadelsen, 1965).
Sa position particulière, entre la France et l’Allemagne, la place au centre de l’Europe et donc au coeur desguerres du continent. De la guerre de Trente Ans aux deux guerres mondiales, les Alsaciens ontété déchirés par les guerres brutales qui ont frappé la région. Des frères ont été forcés d’être ennemis sur le champ de bataille. Après la Seconde Guerre mondiale, le traumatisme de la guerrea donné aux habitants de la région le sentiment d’être à part entre deux cultures.
Malgré la différence de contexte historique, je ne peux m’empêcher de me demander si leshabitants de Hong Kong se sont aussi sentis, à un moment donné, comme des « intrus ». Dans lepassé, les gens venaient dans la colonie britannique de l’époque pour le commerce, la sécurité en temps de guerre et les opportunités d’argent – pour beaucoup d’entre eux, cela aurait dû être un séjour temporaire. Comme l’indique Ackbar Abbas dans Hong Kong : Culture and the Politics of Disappearances, Hong Kong « a toujours été et sera peut-être toujours, un port au sens le pluslittéral du terme – une entrée, un point intermédiaire – bien que la nature du port ait changé »(Abbas, 1997, p.4).
Le temps atténu les différences. Aujourd’hui, personne ne contestera que l’Alsace, qui a été fusionnée de manière controversée avec la province « Grand Est » depuis 2016, est française. De même, le sentiment d’altérité à Hong Kong a disparu en plusieurs générations, formant ainsi une société culturellement unique et dynamique.
Un lieu façonne-t-il ses habitants ? Ou bien ce sont les gens qui façonnent le lieu qui les entoure ? L’exposition Ersilia : le carrefour des villes-passerelles, examine la relation entre les gens et lieuxdans l’art vidéo. À travers les yeux de huit artistes – Annabelle Amoros, Robert Cahen, Comma (Clémence Choquet et Mickaël Gamio), Chilai Howard, Ellen Pau, Céline Trouillet, Yan Wai Yin et Samson Young – nous observons le lien entre eux et leur environnement.
Parmi eux, certains sont nés et ont grandi sur place, connaissant par coeur l’histoire de leur lieu d’origine, d’autres ont choisi de s’y installer et d’y construire leur foyer, et d’autres encore se considèrent comme des nomades, toujours à la recherche de leur prochaine destination. D’une certaine manière, cette combinaison des différents points de vue sur leurs habitations illustre l’essence de l’Alsace et de Hong Kong – une fluidité qui coule avec leurs habitants.
En saisissant le temps et l’espace qui passent, les artistes ont volontairement ou non capturé mille facettes des deux régions à travers leur art vidéo, révélant ainsi leurs relations avec les lieux. En reprenant le nom du lieu imaginaire de Calvino, l’exposition tentera de saisir les traces intangibles de la vie des gens dans deux « villes carrefours »- Hong Kong et l’Alsace, à travers l’art vidéo où les artistes ont tissé leurs interprétations du monde en images et en sons.

Partenaires de l’exposition : L’Agence Résidence, FRAC Alsace
Exposition soutenue par : le Consulat Général de France à Hong Kong et Macao, Hong Kong Art development Council
Recherche soutenue par : l’Ambassade de France en Chine, l’Institut français

Visuel : Robert Cahen, Hong Kong song, vidéo, 1989. © Robert Cahen

Artistes

Robert Cahen
1945, Valence (Drôme, France)
Annabelle Amoros
1987, Creil (Oise, France)
Céline Trouillet
1975, Colmar (Haut-Rhin, France)

À télécharger

Partager cette page sur :