Fanny Latreille

1990, Montréal (CA)

La pratique de Fanny Latreille est celle du passage d’un médium à l’autre, sans attachement disciplinaire, autour d’un point central : le travail de l’image. En déclinant sous plusieurs formes un sujet, elle matérialise une agrégation mentale par laquelle elle tente de définir le sens culturel de l’image. Photographies, sculptures ou installations, les manifestations de son travail s’imposent à même les surfaces du lieu de leur exposition.

Sa démarche est nourrie par des individus et des communautés. Ces rencontres se développent en dialogue avec des personnes, des objets et des archives. Le copyleft – autorisation donnée par l’auteur d’emprunter, de diffuser et de modifier une œuvre, et ce à chaque itération du travail – affecte sa méthodologie. Les images empruntées, les témoignages partagés et la coopération comme éléments documentaires sont les matériaux premiers de ses œuvres. Elle tente de les activer à l’étape de la conception.

Fanny Latreille a recours à la sémantique et aux choix typographiques en tant que référents temporels, qui opèrent dans la reproduction de tracts, l’actualisation de textes par transposition médiatique ou la traduction de la forme écrite en espace sculptural. La textualité procède d’une double temporalité : temporalité du contenu (le temps de lire, le temps du texte) et temporalité du signe (représentée par la sémantique et la qualité typographique). Elle agit comme témoin de parole, mais aussi comme témoin d’une forme esthétique.

Ainsi, Fanny Latreille a un intérêt marqué pour les manifestations culturelles et sociales qui nous mènent par-delà le temps. Elle explore les différents codes sociaux et esthétiques qui régissent des phénomènes rattachés à un mode de vie. Elle pointe des circonstances par lesquelles des groupes performent des temporalités sociohistoriques. Son approche vise à établir un rapport à la temporalité, un transfert du passé dans le présent pour le présent et son autodépassement, dirigé à la fois vers le futur et latéralement. En général, c’est le rapport culture-histoire-politique qui motive son processus de recherche-création. La dynamique entre mémoire collective, mémoire culturelle et nostalgie est plus spécifiquement observable dans ses projets récents.

Publication

Évènement

Résidence