Sylvie Réno
Très tôt, dès le début des années 90, Sylvie Réno a eu recours au carton, un matériau bien commode, économique, facile à récupérer, mais dont elle n’avait pas d’emblée fixé les stricts principes d’utilisation.
Ce qui se produit dans cette « cartonisation », c’est l’effacement systématique des sigles, logos, marques et autres éléments linguistiques. Au commencement est, non pas le Verbe, mais sa disparition lors d’une opération unificatrice, égalitaire, au royaume des objets de Sylvie Réno.
Et si refaire le monde est le désir ultime de tout artiste, alors c’est l’humilité d’un emballage vide, d’une marchandise réduite à la substance dévalorisée de son emballage jetable, qui préside à cette transmutation: loin de transformer le plomb en or comme l’alchimiste d’antan, ou le marbre en plastique imitation marbre comme l’industriel des années cinquante, Sylvie Réno nivelle toute différence de valeur des objets pour nous en proposer ses drôles d’images.