De septembre à novembre 2022, s’est déroulée à Saverne, une résidence artistique et pédagogique fruit d’un partenariat entre la Ville de Saverne, le Lycée général Leclerc, et le collège Poincaré de Saverne et le FRAC Alsace. Cette résidence bénéficie également du soutien du GIP-ACMISA.
Le 19 mai dernier, un jury composé des différents partenaires s’est rassemblé à Saverne. Après l’audition des 4 artistes présélectionnées, c’est le projet de Sophie Keraudren-Hartenberger qui a été retenu.
Cette jeune artiste diplômée en 2016 de l’École Supérieure des Beaux-arts de Nantes questionne la transformation de la matière et des matériaux. Elle met en place des dispositifs de révélation de phénomènes ou états transitoires liés à cette matière.
C’est autour de la thématique « Lointains jardins » que Sophie Keraudren-Hartenberger a développé son projet pour Saverne : elle a créé des nouvelles œuvres mais elle a également développé un important travail pédagogique avec les primaires, les collégiens et les lycéens. Une exposition de fin de résidence a lieu au Cloître des Récollets à Saverne de fin novembre 2022 à la mi-janvier 2023.
Site internet de l’artiste : http://sophiekeraudren.com/
Exposition
Exposition ouverte au public :
- Le dimanche 11 décembre à 11h
- Le vendredi 23 décembre à 15h
- Le samedi 7 janvier à 14h
Merci de réserver votre visite en contactant :
Le musée du château des Rohan à Saverne au 03 88 71 63 95 ou musee.rohan@mairie-saverne.fr
Finissage : le 10 janvier à 18h30 (uniquement sur invitation, inscription obligatoire)
Presentation
Sophie Keraudren Hartenberger développe un travail artistique qui questionne la transformation de la matière et des matériaux.
Ses sujets, ses gestes, ses techniques ou encore ses matériaux sont issus du domaine de la science. Ses œuvres, fruit d’expériences multiples, et souvent en cours au moment de la présentation du dispositif, lui permettent de révéler des phénomènes scientifiques exaltés par une poésie esthétique de laboratoire à laquelle participe la symbolique des couleurs.
En effet, ces couleurs ainsi que leur fluorescence, émanent de leurs propriétés scientifiques : le verre d’ouraline par exemple est un verre qui contient de l’uranium et qui brille d’une couleur fluorescente verte quand il est placé sous une source lumineuse ultraviolette. Le bleu provient quant à lui des cristaux de sulfate de cuivre qui viennent teinter la lumière diffusée par le biais de petites diodes électroluminescentes.
Ce travail questionne également l’identité des couleurs tant dans le monde scientifique que dans l’histoire de l’art. Réfléchir à leurs essences et à leurs présences revient à appréhender autrement notre compréhension du monde et ses codes de sa représentation. Sophie Keraudren-Hartenberger aime rappeler par exemple que le bleu est une couleur chaude en astrophysique ou encore que le vert et le bleu sont sciemment disposés sur la toile par les peintres pour représenter une perspective atmosphérique et jouer illusoirement sur la représentation du proche et du lointain.
Pénétrer dans son installation « Blooming #2 », c’est être invité à vivre une expérience immersive ; plonger dans l’obscurité de l’espace pour baigner dans des états changeants et mouvants de matières qui se transforment sous nos yeux.
L’artiste donne à voir et incite à observer la pousse de jardins chimiques présentée soit à taille réelle dans des bocaux et autres contenants en verre placés sur un socle en sable de forme triclinique soit à taille augmentée, projetée sur grand écran.
Résultat d’une expérimentation chimique dans laquelle des ions métalliques à faible doses sont noyés dans une solution de silicate de sodium et d’eau, les jardins chimiques ont des qualités plastiques manifestes et des similitudes formelles avec des matières végétales ou organiques.
Sophie Keraudren-Hartenberger nous offre la possibilité de les regarder à différentes échelles entre la vue microscopique et télescopique. En effet, nous sommes fascinés par l’ambiguïté des images, des objets et des états de matières présentés qui nous font basculer sans cesse entre le microcosme et le macrocosme, entre les origines d’un monde qui croît et se déploie sous nos yeux et une vision futuriste d’un environnement éloigné et encore inconnu.
Le son¹ qui nous environne et envahit tout l’espace accentue encore l’atmosphère particulière et singulière souhaitée par l’artiste. Il accompagne la course de ces jardins qui poussent. Il donne une réalité sonore à l’environnement aqueux dans lequel ces membranes chimiques se développent. Il guide de manière sensible notre plongée au cœur d’un paysage cosmique ou abyssale.
Anne-Virginie DIEZ, chargée des projets territoriaux et de la diffusion au FRAC Alsace
Novembre 2022
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¹ Créé par l’ingénieur du son Tom Leclerc.